Dans un marché du travail devenu de plus en plus concurrentiel, une implication pleine et entière est perçue par beaucoup d’entre nous comme une impérieuse nécessité. Travailler toujours plus serait le meilleur moyen de progresser dans l’organigramme de l’entreprise, quitte à mettre entre parenthèses une partie de sa vie personnelle ! Progressivement et par glissement, la place occupée par le travail devient prépondérante, voire exclusive. Le risque est alors majeur de voir s’installer durablement un déséquilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
Quels sont les écueils d’une telle situation et comment y remédier ? Petit tour d’horizon des conseils utiles pour maintenir le parfait équilibre entre son travail et ses aspirations personnelles …
Commençons par un bref état des lieux
Une aspiration partagée
Selon une étude réalisée à l’été 2016 par le cabinet de conseil Viavoice pour La Maison Bleue et le Figaro, plus de 8 salariés sur 10 considèrent l’articulation entre vie professionnelle et vie personnelle comme un enjeu majeur. Cette aspiration, très largement partagée, témoigne en fait d’une évolution des mentalités : notre société s’est transformée, pour devenir plus hédoniste que celle de nos aînés.
La notion d’épanouissement personnel, jadis moins présente, est désormais une préoccupation de premier plan. Si le besoin d’équilibre est clairement affirmé, est-il pour autant satisfait ?
Force est de constater que non, si l’on en croit le baromètre publié en 2016 par l’Union Nationale des Associations Familiales. Selon cette étude, près des deux tiers des salariés estiment que leur employeur n’agit pas suffisamment pour les aider à équilibrer leurs temps de vie. Ces chiffres comportent certes une part de subjectivité, mais ils n’en demeurent pas moins instructifs. Ils nous éclairent sur le désir d’une meilleure conciliation des sphères professionnelle et privée.
Tout déséquilibre comporte des risques !
L’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité) est un organisme public en charge, notamment, de la prévention des risques professionnels. Ses travaux ont permis d’établir une cartographie des risques encourus, en cas de déséquilibre entre les différents temps de vie. L’empiétement systématique et durable des préoccupations professionnelles sur la sphère privée peut conduire à une situation de surmenage. A la clé : un phénomène de lassitude, un désengagement dans le travail, voire un burn out dans les cas les plus graves ! Si les menaces pour le salarié sont évidentes, l’entreprise elle-même n’a rien à y gagner ! Le désintérêt pour le travail et la multiplication des arrêts-maladies abaissent mécaniquement le niveau de productivité. Trop de travail tuant alors le travail…
De qui doit venir la prise de conscience ?
Du salarié lui-même…
C’est à lui que revient la responsabilité de poser le diagnostic d’un déséquilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Cette prise de conscience individuelle est le début d’un long cheminement qui aboutit au rééquilibrage des différentes composantes de son existence. Sans cette implication personnelle, les chances de succès sont limitées !
- Dans son environnement professionnel : Lorsqu’il est confronté à une demande illégitime, susceptible d’empiéter sur sa vie privée, le salarié doit apprendre à dire non, sans éprouver de culpabilité et en étant capable d’argumenter son refus. L’acquisition d’un tel réflexe nécessite un véritable travail sur soi. Il s’agit bien souvent d’une démarche de longue haleine …
- À l’extérieur : Pratiquer une ou plusieurs activités extra-professionnelles est une excellente façon de laisser le travail au seuil de sa vie privée. S’inscrire dans un club de sport nécessite parfois de se faire violence ! Mais une fois passées les premières réticences, une mécanique routinière s’installe, à laquelle on finit par prendre goût !
… mais aussi de son entreprise
Dans son propre intérêt, l’employeur doit veiller à maintenir pour l’ensemble de ses collaborateurs un juste équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
- Cela suppose de savoir déceler les comportements à risque : Un cadre s’imposant des amplitudes horaires déraisonnables, un salarié dont les conversations ne tournent qu’autour des questions professionnelles, un collaborateur ne s’accordant jamais de pause … Les formes du déséquilibre sont multiples, rendant difficile son diagnostic !
- Cela suppose aussi d’être en capacité de proposer des solutions : Là encore, trouver la difficile voie médiane n’est pas chose aisée. L’employeur ne peut pas donner l’impression d’inciter ses salariés à amoindrir leur niveau d’implication ! Pour autant, il ne peut pas assister passivement à l’enlisement d’un collaborateur dans le travail !
Dès lors, plusieurs postures sont envisageables :
- La première est seulement allusive : Cela consiste à suggérer à ses collaborateurs des activités extra-professionnelles, en réservant par exemple un espace aux affiches de concert, aux promotions offertes par les clubs de sport, ou aux films et pièces de théâtre du moment …
- La seconde est franchement incitative : En un mot, l’employeur prend les choses en mains ! Il peut proposer à ses salariés de financer en partie des stages de pilotage, des abonnements à des cours de yoga ou de stretching, une inscription dans un club de fitness … Seul bémol : si plusieurs salariés participent en groupe à de telles activités extra-professionnelles, la coupure risque de ne pas être effective ! Les conversations étant susceptibles de glisser invariablement vers le travail …
De l’art d’ériger des remparts !
Si la pratique d’activités sportives, culturelles ou sociales doit être encouragée, elle doit nécessairement s’accompagner de quelques mesures simples, qui pourraient s’apparenter à une véritable rééducation comportementale. Savoir ériger des remparts protecteurs est indispensable, si l’on veut maintenir durablement un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Quelques réflexes peuvent être cités pêle-mêle, charge à chacun de les moduler en fonction de sa situation individuelle :
- Couper son téléphone professionnel et l’accès à ses mails en dehors des heures de bureau : Adoptée par l’entreprise allemande Volkswagen pour l’ensemble de ses salariés, cette mesure a démontré son efficacité en matière de rééquilibrage des sphères professionnelle et privée.
- Limiter le travail dominical : Se rendre au bureau un dimanche doit rester exceptionnel ! Sanctuariser une journée dans la semaine est indispensable pour protéger l’équilibre entre travail et vie privée !
- Recourir à l’aide d’un psychothérapeute : S’affranchir du sur-investissement professionnel n’est pas chose aisée. Entre culpabilité et addiction, certains collaborateurs peinent à lever le pied ! Solliciter l’aide d’un psychologue ou d’un coach individuel peut alors s’avérer nécessaire. La prise en charge d’une partie des frais par l’entreprise est perçue favorablement : employeur et employé agissent de concert pour préserver l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
De la vigilance et du bon sens !
L’ensemble des mesures ici évoquées se résument à aménager des sas de décompression entre les différents univers, professionnel et personnel. Rien ne serait plus préjudiciable que l’interpénétration permanente de ces deux mondes ! Maintenir un nécessaire cloisonnement est un gage de longévité.
Qui veut aller loin ménage sa monture …
Vous avez mis en place des mesures pour faciliter l’équilibre vie professionnelle et vie personnelle ? Faites-nous part de votre expérience !