Un certain nombre d’outils s’appuient aujourd’hui sur l’intelligence artificielle pour assister les managers dans la gestion de leurs équipes. Une tendance qui accompagne les changements à l’œuvre dans l’organisation du travail.
D’après une étude réalisée par la Harvard Business Review, le manager moyen passe aujourd’hui plus de la moitié de son temps à s’occuper de tâches administratives, de coordination ou de contrôle. Autant d’heures qui ne sont pas consacrées à veiller au bien-être et à la progression des employés, à stimuler la collaboration et la motivation des équipes, ou encore à mettre en œuvre une stratégie d’innovation. Mais grâce aux récents progrès de l’intelligence artificielle, les choses sont en train d’évoluer. Une vague de nouveaux outils permet en effet aux managers de sous-traiter les parties les plus rébarbatives et routinières de leur travail, pour se concentrer sur leurs relations avec leurs employés et le pilotage de leurs équipes.
La plume guidée par l’IA
Une bonne partie du travail de coordination des managers consiste à envoyer des mails, une activité devenue particulièrement chronophage. Puisque rédiger ses mails prend du temps, autant s’assurer que celui-ci soit bien employé, que les courriers envoyés soient lus et provoquent l’effet désiré auprès des employés. Dans ce domaine, l’intelligence artificielle peut apporter une aide précieuse. En effet, ces dernières années, les capacités des ordinateurs à comprendre et reproduire le langage humain ont connu des progrès spectaculaires. Ainsi, depuis Seattle, la jeune pousse Textio propose un service « d’écriture augmentée » : avant d’envoyer un email, on peut le soumettre au logiciel, qui suggère ensuite de petites améliorations en matière de tournures de phrase ou de vocabulaire, pour maximiser son impact. À charge de l’expéditeur de prendre ou non en compte ces remarques.
L’application CrystalKnows, de son côté, donne des recommandations sur-mesure pour rédiger ses mails en fonction de la personnalité de l’interlocuteur, à partir d’informations publiques récoltées en ligne et des échanges préalables. Pour ceux qui souhaiteraient aller encore un cran plus loin dans l’automatisation, Gmail propose depuis quelques mois une fonctionnalité qui suggère des phrases complètes en fonction du contexte. S’il ne fonctionne que pour des échanges très simples, cet outil permet de gagner un petit peu de temps sur chaque mail. En attendant des assistants virtuels plus perfectionnés, susceptibles de rédiger une partie de nos emails à notre place… Mais les possibilités de la génération automatique de texte vont au-delà des courriers électroniques. Quill, un outil développé par la startup Narrative Science, vise ainsi à rendre la rédaction de rapports moins pénible et chronophage pour les managers. Il permet de générer automatiquement un texte explicatif pour les tableaux, graphiques et autres infographies synthétisant des données. Présenter à ses équipes l’évolution des activités au dernier trimestre devient ainsi un jeu d’enfants.
Des managers dotés de superpouvoirs
D’autres outils s’appuient sur l’intelligence artificielle pour permettre aux managers de voir l’invisible, d’extraire un certain nombre de données utiles de leur environnement. Les appels téléphoniques et vidéoconférences occupent aujourd’hui une part non négligeable dans l’emploi du temps des travailleurs. Or, un certain nombre d’outils aident les managers à s’assurer que ces conversations à distance soient aussi efficaces et productives que possible.
Dialpad, à travers son service VoiceAI, mobilise ainsi les ressources de l’intelligence artificielle pour enregistrer et retranscrire chaque discussion à l’écrit, éliminant le besoin de prendre des notes. Mieux : le logiciel analyse les échanges en temps réel et déclenche des actions en fonction. Par exemple, si la date et l’heure du prochain rendez-vous sont évoquées, le logiciel rédige automatiquement une note capturant ces informations pour les présenter aux deux interlocuteurs une fois le combiné raccroché. Cerise sur le gâteau : le logiciel analyse les sentiments de l’interlocuteur, en quête de signaux négatifs ou positifs, aidant ainsi le manager à faire un retour sur la conversation.
Mises au service des communications à distance (mails, appels ou vidéoconférences), toutes ces technologies accompagnent des tendances de fond aujourd’hui à l’œuvre dans le monde de l’entreprise. Le télétravail connaît ainsi une popularité croissante, tandis qu’une part toujours plus grande des travailleurs est indépendante (on estime qu’ils constitueront 50% de la population active américaine d’ici dix ans). Ces derniers jonglent d’un projet à l’autre, et travaillent souvent depuis leurs domiciles ou un espace de travail collaboratif. Disposer d’outils optimisés pour la communication à distance est donc aujourd’hui capital pour les managers.
De l’Apple watch aux bracelets connectés, les wearables sont eux aussi de plus en plus populaires, avec de nombreuses pistes prometteuses au service du management. Si mesurer l’impact des changements organisationnels sur la productivité n’a pas toujours été chose facile, les choses sont en passe de changer avec l’arrivée des wearables. Ainsi, l’entreprise Humanyze conçoit des badges connectés qui collectent des données sur les déplacements des employés à l’intérieur de l’entreprise. Les données sont anonymisées et communiquées aux managers sous forme de flux de déplacements globaux, pour des questions de respect de la vie privée. Ces données permettent par exemple d’analyser comment l’organisation du bureau (flex office ou bureaux attitrés, tables collées les uns aux autres ou séparées, installation par équipe ou non, etc.) a un impact sur la productivité et la fréquence des échanges entre les employés.
Faciliter la gestion du personnel
L’intelligence artificielle peut aussi permettre aux managers de mieux s’occuper de leurs employés. Le logiciel conçu par l’entreprise Workday utilise ainsi la collecte et l’analyse de données pour prédire quand un employé risque de quitter l’entreprise. À partir d’une base de données constituée à partir de 100 000 individus et sur une durée de 25 ans, le logiciel s’appuie sur des critères comme le salaire, le temps écoulé entre deux promotions, les vacances accordées et autres compensations fournies par l’entreprise au salarié pour faire ses prédictions.
En fonction de ces différentes données, l’intelligence artificielle peut déterminer lorsqu’une combinaison de variables risque d’inciter l’individu à démissionner ou chercher un autre emploi. Il peut s’agir du fait que l’employé n’a pas été augmenté depuis longtemps, ou qu’il n’a reçu aucune promotion en dépit de ses performances… Le manager peut alors se pencher sur son cas particulier et prendre des mesures s’il estime devoir le faire. Le logiciel lui fournit également des recommandations, basées sur ce que d’autres managers ont fait par le passé avec succès (donner une augmentation salariale ou une prime, promouvoir l’employé, etc.). L’humain demeure donc toujours aux commandes, le logiciel lui communiquant simplement des informations susceptibles de lui fournir une meilleure vision des choses.
D’autres solutions permettent aux managers de superviser leurs employés travaillant à distance presque aussi facilement que s’ils étaient dans le bureau d’à côté. Asana propose ainsi une plateforme en ligne qui permet de gérer l’évolution d’un projet, en suivant pas à pas les différentes tâches mises en œuvre pour sa réalisation. Il est possible d’assigner des mission collectives, que chacun peut ensuite modifier depuis son poste, de fixer des deadlines ou encore de partager facilement des événements sur un calendrier. Veriato propose de son côté une application qui fournit des statistiques sur la productivité des employés, notamment sur le temps que chacun consacre aux activités productives. Une intelligence artificielle analyse ensuite ces dernières et les compare aux standards de l’entreprise. Elle peut ensuite envoyer une alerte aux managers si elle repère une productivité particulièrement en deçà de la moyenne, ou encore les signes d’une tentative de hacking. De quoi faciliter l’adoption du télétravail par les managers les plus récalcitrants.
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