Intelligence artificielle et robotique sont souvent critiquées pour l’automatisation qu’elles entraînent. On s’attache moins souvent à imaginer les nouveaux emplois qu’elles vont permettre de créer. En voici quelques-uns.
Si l’essor de l’intelligence artificielle suscite un enthousiasme certain, il génère également de nombreuses inquiétudes quant à l’avenir du travail. L’automatisation, le remplacement de l’homme par la machine sont sur toutes les lèvres, et l’on ne compte plus les articles anxiogènes annonçant la mise au chômage d’une part plus ou moins grande de l’humanité dans un futur proche. Néanmoins, s’il est relativement facile de prédire quels emplois sont menacés de disparition, il est bien moins aisé d’imaginer les nouveaux postes qui vont apparaître, en vertu du phénomène de destruction créatrice théorisé par l’économiste Schumpeter.
Or, l’intelligence artificielle pourrait bien créer plus d’emplois qu’elle ne va en détruire. Le cabinet de conseil Gartner estime ainsi que 2,3 millions de nouveaux emplois seront créés aux États-Unis grâce à l’intelligence artificielle d’ici 2020, excédant largement les 1,8 million d’emplois qui seront dans le même temps automatisés. Peu de chances, donc, pour que l’avenir de l’humanité ressemble à celui décrit par la série télévisée Trepalium, où seule une petite fraction de la population a la possibilité de travailler, le reste vivant dans la misère. En revanche, il faut également s’assurer que la population active dispose des compétences nécessaires pour occuper ces nouveaux postes. Ainsi, un récent rapport du cabinet de conseil Deloitte prévoit que 3,5 millions d’emplois industriels seront créés aux États-Unis au cours de la prochaine décennie, mais que 2 millions d’entre eux risquent de rester vacants, par manque de personnel ayant les bonnes qualifications. D’où l’intérêt de se demander dès maintenant à quoi ressembleront les emplois du futur. Voici une liste non exhaustive.
Coach pour agents conversationnels
Ce métier existe à vrai dire déjà. Amazon, Google et Apple emploient tous des écrivains, scénaristes et comédiens pour rédiger les scripts de leurs intelligences conversationnelles respectives (Alexa, Google Assistant et Siri). L’objectif est notamment de les humaniser, en leur conférant un sens de l’humour et de la répartie. À l’heure où les entreprises rivalisent pour créer des intelligences artificielles ultra perfectionnées, il y a fort à parier pour que ce créneau se développe. Ainsi, Yahoo.inc effectue des recherches pour permettre aux chatbots, employés pour le service client, de comprendre l’ironie et les sous-entendus. Ses ingénieurs ont mis au point des algorithmes capables de détecter second degré et sarcasmes dans les messages issus des réseaux sociaux, avec un taux de réussite actuel de 80%. La startup new-yorkaise Koko travaille quant à elle sur des algorithmes permettant aux agents conversationnels de percevoir les sentiments de leurs interlocuteurs humains et de traiter leurs requêtes avec empathie. L’entreprise Replika, basée à San Francisco, construit de son côté une intelligence conversationnelle capable d’apprendre au contact de ses partenaires de discussion.
Démystificateur d’algorithmes
L’intelligence artificielle a d’ores et déjà un impact sur la plupart des secteurs économiques. Bientôt, peu nombreuses seront les entreprises à pouvoir faire l’impasse sur cette technologie. Or, à mesure qu’elle progresse, les algorithmes sont de plus en plus opaques. Ils raisonnent en fonction de variables toujours plus nombreuses, ce qui leur vaut souvent d’être qualifiés de « boîtes noires », car on peine à retracer le fil conducteur qui a motivé leur prise de décision. Les entreprises qui commercialisent ces algorithmes devront donc se doter de personnel chargé d’expliquer leur fonctionnement à leurs clients. Ils auront également pour mission de faire rendre des comptes aux algorithmes. Ainsi, si l’intelligence artificielle prend une mauvaise décision, ces démystificateurs étudieront le processus qui a conduit l’algorithme à parvenir à ce résultat, afin d’apporter des corrections pour l’avenir. Le AI Now Institute, lancé à l’automne dernier, s’efforce déjà de faire collaborer étroitement concepteurs d’algorithmes et professionnels destinés à les utiliser, afin de limiter l’effet boîte noire.
Spécialiste des relations humains/robots
Les robots deviendront rapidement partie intégrante du monde du travail, il sera donc impératif qu’ils collaborent efficacement avec les humains. Certains postes de management seront ainsi conçus pour veiller à la bonne complémentarité entre humains et machines. Le manager serait chargé d’identifier les points forts de l’intelligence humaine et de l’intelligence artificielle pour une tâche donnée, et d’organiser le travail de son équipe de façon à ce que chacun puisse donner le meilleur de lui-même sans empiéter sur les plates-bandes de l’autre. Les ingénieurs concevant les robots devront également prendre en compte cette dimension. Ainsi, pour faciliter la collaboration entre humains et machines, la chercheuse Manuela Veloso, de la Carnegie Mellon University, a conçu des robots assistants capables de demander de l’aide aux humains et de s’expliquer en cas de défaillance. Les robots ne peuvent selon elle être parfaitement autonomes, et doivent pouvoir échanger avec les humains pour que leur fonctionnement soit optimal : c’est ce qu’elle nomme l’autonomie symbiotique.
Conseiller en robotique
De nombreux chercheurs et entreprises étudient aujourd’hui l’usage des robots pour les soins à domicile, la rééducation et l’assistance aux personnes âgées. La chercheuse Maja Mataric, de l’Université de Californie du Sud, conçoit ainsi des robots chargés d’assister les patients dans leurs exercices de rééducation quotidiens. La startup Sensely développe un assistant virtuel capable d’assurer le suivi des patients à distance, tandis que le robot Mabu, de Catalia Health, permet d’assister les médecins dans la surveillance des patients en convalescence. Au cours des prochaines années, l’offre en la matière va très certainement s’accroître, et les patients se trouveront confrontés à un large choix de robots pour assurer le suivi de leurs proches. Le conseiller en robotique les aiguillera dans le choix du produit correspondant le mieux à leurs besoins, en fonction de leur mode de vie et de leurs goûts personnels.
Que pensez-vous de ces premiers emplois tournés autour de la relation homme-machine ? Suscitent-ils de nouvelles vocations pour certains d’entre vous ? Faites-nous part de vos commentaires ! Vous voulez découvrir d’autres nouveaux emplois ? Nous continuons cette liste dans un deuxième article, avec de nouveaux emplois autour des enjeux juridiques, de la collecte et la commercialisation de la données et aussi l’impact de l’IA sur les métiers artistiques !