Intelligence Artificielle

La guerre des assistants conversationnels – 2ème partie

Comme nous l’avons vu dans un premier article, les grandes entreprises américaines du numérique rivalisent actuellement pour proposer l’assistant digital le plus performant du marché, en poussant toujours plus loin leurs recherches autour de l’intelligence artificielle. Il est cependant tout aussi important de mettre en place un écosystème d’objets connectés cohérent dans lequel l’assistant universel puisse s’insérer en harmonie.

Il ne suffit pas d’avoir le meilleur produit pour l’emporter

En effet, l’objectif, sur le marché des assistants digitaux universels, est de mettre en place un écosystème cohérent, susceptible de répondre à la plupart des besoins de l’utilisateur. Ce qui implique de construire un appareil capable de communiquer avec le plus d’objets connectés possible. C’est pourquoi l’intégration, l’ubiquité importe tout autant que la qualité. En outre, en matière d’intégration, on assiste rapidement à un effet boule de neige : plus un assistant digital devient populaire, plus les fabricants d’objets connectés seront susceptibles de rendre leurs appareils compatibles avec celui-ci. Fonctionnant avec plus d’objets, l’assistant offre davantage de valeur aux consommateurs, et devient donc plus populaire, etc.

assistants conversationnels - réseau connecté

En la matière, Amazon détient une longueur d’avance sur ses concurrents. Lors de l’édition 2017 du CES, l’entreprise a annoncé qu’Alexa était désormais compatible avec 700 appareils connectés différents. En décembre dernier, Amazon a vendu des dizaines de millions d’objets intelligents intégrant Alexa. « Nous souhaitons qu’Alexa soit partout, qu’il s’agisse de l’interface privilégiée pour interagir avec les objets qui nous entourent. » affirmait Steve Rabuchin, vice-président d’Amazon Alexa, lors de l’édition 2017 l’événement Collision, à La Nouvelle-Orléans. « Nous travaillons avec Ford et BMW pour intégrer Alexa dans leurs véhicules, ainsi qu’avec General Electric et LG autour de la cuisine connectée. Nous voulons également intégrer Alexa aux systèmes d’arrosages pour jardin, aux portes de garage… » Google a, lui aussi, bien compris l’importance d’être intégré au plus grand nombre d’appareils intelligents possibles. Lors de la dernière édition du CES, l’entreprise a ainsi affirmé que son assistant était désormais présent dans 400 millions d’appareils dans le monde entier.

L’effet réseau : La meilleure carte d’Amazon pour contre Google

Selon Howard Yu, professeur en management stratégique de l’innovation à l’IMD Business School, l’effet réseau constitue malgré tout la meilleure carte d’Amazon pour contrer Google. Un combat que l’entreprise de commerce en ligne serait en train de remporter grâce à sa stratégie ouverte. «Google a acquis une connaissance considérable du monde, après avoir passé près de deux décennies à extraire les données des recherches internet. Ainsi, l’assistant conversationnel de Google apparaît comme bien plus intelligent qu’Amazon Echo. Lorsqu’on lui demande « Joue la chanson de Shakira qui figure dans le film Zootopia » Google sait de quel morceau il s’agit, tandis qu’Alexa demeure en difficulté face à ce type de requêtes détournées. » écrit-il. « Conscient qu’Amazon ne pourrait jamais rivaliser avec Google sur ce terrain-là, Jeff Bezos a voulu faire d’Alexa un standard ouvert, qui fonctionne avec les gadgets pour la maison connectée construits par des parties tierces. Alexa est ainsi intégrée à un nombre croissant de services qui font partie de la vie quotidienne. Cette stratégie pourrait permettre à Amazon de gagner la guerre des plateformes. » L’écrasante majorité des « skills » d’Alexa a ainsi été créée par des développeurs extérieurs à l’entreprise.

Stratégies d’alliances

Pour étoffer les capacités de leurs assistants respectifs, les géants du numérique multiplient également les stratégies d’alliances. Amazon a ainsi passé des accords avec plusieurs constructeurs automobiles, dont Ford, BMW, Toyota et Lexus, pour qu’Alexa soit intégrée à leurs véhicules connectés. Google s’est associé au fabricant sud-coréen LG pour intégrer son assistant à davantage d’appareils électroménagers, ainsi qu’à la chaîne de supermarchés Walmart, pour permettre aux clients de faire des emplettes à l’aide de la voix. Microsoft n’est pas en reste. L’entreprise a récemment racheté la startup Semantic Machines, basée à Berkeley et lancée par des anciens de Siri. Celle-ci recourt à l’apprentissage machine pour permettre aux intelligences artificielles conversationnelles de mieux saisir le contexte.

Il faut, enfin, distinguer les objets connectés qui sont simplement compatibles avec l’un ou l’autre de ces assistants digitaux, de ceux qui possèdent l’intelligence artificielle directement insérée à l’intérieur. C’est le cas du thermostat intelligent Ecobee, dans lequel Alexa est intégrée. Il est ainsi possible de s’adresser à son thermostat pour échanger avec l’assistant digital et lui demander de baisser ou d’augmenter la température, sans passer par l’intermédiaire de l’enceinte connectée Amazon Echo.

L’assistant virtuel n’est ainsi plus incarné dans un seul objet, il devient une intelligence éthérée, intégrée dans l’ensemble des objets intelligents du quotidien, pour composer un écosystème unifié et automatisé.

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